Behind the Poetry

Zaïneb Hamdi

Zaïneb Hamdi, born in 1989 in Liège, lives and works in Brussels. A poet, graphic designer, and book designer, she studied at the École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre in Brussels. Her debut poetry collection, Fils d’Arabe (Sons of the Arabs), published by Tétras Lyre in 2017, explores contemporary identity and heritage with sharp, dynamic writing — avoiding clichés while weaving tradition and modernity into an intricate, unexpected tapestry.

A childhood spent between stolen moments, loud music, and endless curiosity. A world of cigarette smoke, forbidden comics, and teenagers dancing under flickering lights. Mowgli of the Ardennes, both observer and participant, learning the rhythms of adolescence from behind a carton of Cécémel.

Just like Mowgli had Baloo and Bagheera, our young narrator is guided through the jungle of adolescence by a pack of teenagers. And much like the original story, not everything is as innocent as it seems. Watch, listen, and step into a world of nostalgia, rebellion, and coming-of-age.

[Scroll down for the text in German and Dutch.]

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Mowgli buvait du Cécémel

Lamiel danse lascivement, son jean fendu dessous de chaque côté de ses poches arrière, laissant paraître la peau de ses fesses.

J’ai 9 ans, je bois des litres de Cécémel froid que je vais chercher dans ce frigo gigantesque, dans lequel je manque à chaque fois de tomber. Je décapsule. Sur la liste des consommables, je fais une croix à côté du prénom de Maman qui devra rembourser les deux bouteilles que je m’enfile chaque jour.

Je suis la fille de la prof préférée et tous les ados s’occupent de moi, comme si je faisais partie de leur bande.

Maman dit toujours « il faut lire de tout » et je suis à un âge où je lis tout ce qui me passe sous les yeux: la notice du Zymafluor, les ingrédients des Chocapics, Chlorophylle contres les rats noirs, Chlorophylle et la revanche d’Anthracite, Sibylline et Burokratz le vampire et les bandes dessinées pour adultes qu’on a laissé traîner sans me voir fureter.

Sur ces planches, se dessinent des héroïnes peu vêtues, aux seins énormes, qui finissent toujours par se les faire caresser par le méchant de l’histoire en faisant mine d’aimer ça.

Ça fait 4 ans que Kurt Cobain est mort, dans la salle commune, il s’époumone avec Marilyn Manson. J’ai l’habitude de la musique à fond et des ados blonds qui dansent autour de moi, mon Cécémel et mes BDs.

Je fais la grimace lorsqu’une fille veut, par acquis de conscience, me faire écouter la bande son du Roi Lion. Je fais la grimace lorsque je contemple la pochette de « Mechanicals Animals ». Quelle étrange dame, le regard danger, les cheveux oranges, le sexe invisible et les seins faussés.

Je suis le Mowgli des Ardennes, je vaque à toutes les occupations possibles; je fais des dessins sur Paint, je monte sur le talus pour marcher le long des rails de train, je jette et trie des cailloux dans la rivière, je pique un bout de pain dans la cuisine, je fais des heures de la balançoire, je décapsule un Cécémel.

De temps en temps, Maman demande où je suis, sans trop se préoccuper; les ados me surveillent. Et moi, je surveille les ados.

Je suis le Mowgli le plus discret de la Terre et mes pupilles enregistrent la langue qui rentre dans la bouche, les bouches ouvertes qui veulent se manger, sans sang, ni douleur, les têtes qui basculent d’un côté puis de l’autre, les paupières closes comme pour concentrer tout dans la bouche, pour que les bouches s’ouvrent encore plus grand pour que les langues se frottent l’une contre l’autre, comme si les deux voulaient souder ces langues par la bouche seulement.

La plus discrète des Mowgli lorsque je surprends deux corps collés l’un contre l’autre, l’un sur l’autre et l’autre contre les cailloux, qui se frottent la langue, en s’enserrant dans les bras si fort que cela paraît inconfortable, avec ces cailloux qui lui piquent le dos et les moucherons d’été qui volent au-dessus des têtes et les mains de l’un sous un t-shirt de l’autre, ces mains qui s’agitent comme il me semble, pour caresser des seins très petits d’une héroïne banale, plus vêtue, qui fait mine d’aimer ça.

La plus discrète des Mowglis doit faire exprès de faire crisser les cailloux sous ses pieds pour les déloger ces deux corps qui se frottent, afin d’atteindre les grandes balançoires qui sont le seul passage possible pour s’envoler dans le ciel.

Quelquefois, les animateurs jouent à parachuter les ados, dans la camionnette qui nous amène les yeux bandés dans un endroit inconnu dont il faut revenir avec une boussole avant la nuit, je suis leur petite tricheuse pour les guider sur le chemin du retour.

J’ai mes points de repères; la maison aux champignons, de grosses amanites tue-mouches en plastique devant une maisonnée bleu ciel, sortie d’un dessin animé dessiné rien que pour moi; la maison abandonnée, la façade coloniale, à moitié brûlée d’un lointain incendie, cachée derrière une nature qui reprend ses droits; mon école maternelle où je me suis écorché le menton d’une cicatrice que je garderai à vie; la maison de ma gardienne, Jeanine, où j’apprends pour la première fois, à 3 ans, ce que c’est qu’un garçon, en refusant de lui partager ma mallette préférée; la rivière dans laquelle je pêcherai mes premiers poissons avec mon meilleur copain Nicolas, aussi blond aux yeux bleus que je suis brune aux yeux noirs; les carrières de pierre bleue qui soulèvent une poussière grise et fragmentent des carottes de granit et le vieux cimetière aux tombes centenaires accrochées sur la colline.

Ils m’emmènent partout les ados, je suis leur mascotte, je suis leur doudou.

Lorsque Lamiel finit de danser, elle se pose en gloussant sur les genoux du garçon qu’elle convoite. Soudain, elle sursaute, inquiète; je suis dans la pièce, le nez dans mon Cécémel et mes BDs, faisant mine de ne pas avoir remarqué les mains qui se glissent dans les fentes de son jean et elle riant, faisant mine d’aimer ça.

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Mogli trank Chocomel

Übersetzung: Anne Thomas

Lamiel tanzt lasziv, ihre Jeans hat unter jeder Gesäßtasche einen Riss, die Pobacken blitzen hervor.

Ich bin neun, ich trinke literweise kalte Chocomel aus einem riesigen Kühlschrank, in den ich jedes Mal fast hineinfalle. Knacke den Kronkorken. Auf der Getränkeliste mache ich ein Kreuz neben Mamans Vornamen, sie muss die zwei Flaschen bezahlen, die ich mir jeden Tag schmecken lasse.

Ich bin die Tochter der Lieblingslehrerin und alle Jugendlichen kümmern sich um mich, als ob ich zur Clique gehöre.

Maman sagt immer: „Man muss von allem lesen“ und ich bin in einem Alter, wo ich alles lese, was ich in die Finger kriege: die Packungsbeilage von Zymafluor, die Zutatenliste von Chocapics, die Mäuse-Comics mit Chlorophylle und Sibylline sowie herumliegende Graphic Novels für Erwachsene, und keiner merkt, dass ich meine Nase hineinstecke.
In den Panels leicht bekleidete Heldinnen mit riesigen Brüsten, die streichelt am Ende immer der Bösewicht, und die Heldinnen tun, als fänden sie das schön.

Kurt Cobain ist seit vier Jahren tot, im Gemeinschaftsraum schreit er sich mit Marilyn Manson die Seele aus dem Leib. Ich bin an Musik in voller Lautstärke gewöhnt, und blonde Jugendliche, die um mich, meine Chocomel und meine Comics herum tanzen.

Ich verziehe das Gesicht, als ein Mädchen mir pflichtschuldig den Soundtrack von König der Löwen anmachen will.
Ich verziehe das Gesicht, als ich die Hülle von „Mechanical Animals“ betrachte. So eine komische Frau, der Blick Gefahr, das Haar orange, das Geschlecht versteckt und die Brüste falsch.

Ich bin der Mogli der Ardennen, gehe allen möglichen Beschäftigungen nach; ich zeichne auf Paint, klettere den Bahndamm hinauf und wandere die Schienen entlang, schmeiße und sortiere Kiesel in den Fluss, klaue ein Stück Brot aus der Küche, schaukele stundenlang, entkorke Chocomel.

Ab und zu will Maman wissen, wo ich bin, ohne sich weiter zu sorgen; die Jugendlichen behalten mich im Auge.
Und ich sie.

Ich bin der unauffälligste Mogli der Welt, und meine Pupillen registrieren die Zunge, die in den Mund gleitet, offene Münder, die einander aufessen wollen, ganz ohne Blut und Schmerz, Köpfe, die sich erst zur einen, dann zur anderen Seite neigen, mit geschlossenen Augen, als wollten sie alles im Mund bündeln, damit die Münder sich noch weiter öffnen, damit die Zungen sich aneinanderreiben, als wollten sie sie allein mit dem Mund zusammenlöten.

Die unauffälligste Mogli, wenn ich zwei Körper überrasche, die aneinanderkleben, einer auf dem anderen, und der andere auf den Kieseln; sie reiben die Zungen aneinander und halten einander so fest, dass es ungemütlich aussieht, wo doch die Kiesel im Rücken piksen und die sommerlichen Fliegen um die Köpfe schwirren, und die Hände des einen unter dem T-Shirt der anderen, Hände, die wandern, wie mir scheint, um die winzigen Brüste einer gewöhnlichen, nicht ganz so leicht bekleideten Heldin zu streicheln, die so tut als fände sie das schön.

Die unauffälligste Mogli muss extra die Kiesel unter ihren Füßen knirschen lassen, die beiden Körper vertreiben, die sich aneinanderreiben, sonst kommt sie nicht zu den großen Schaukeln, der einzige Weg hinauf in den Himmel.

Manchmal spielen die Betreuer Aussetzen mit uns, mit verbundenen Augen werden wir im Kleintransporter an einen unbekannten Ort gebracht, von dort aus muss man vor Einbruch der Dunkelheit mit einem Kompass zurückfinden, ich bin ihre Moglerin, die sie führt.

Ich habe meine Anhaltspunkte, das Pilzhaus, dicke Plastikfliegenpilze vor einer himmelblauen Hausgemeinschaft, einem Zeichentrickfilm entsprungen, der nur für mich gezeichnet wurde; das leerstehende Haus, Fassade im Kolonialstil, halb abgefackelt bei einem fernen Brand; verborgen hinter einer Vegetation, die wieder die Oberhand gewinnt; mein Kindergarten, dort habe ich mir das Kinn aufgeschürft, die Narbe behalte ich ein Leben lang; das Haus meiner Tagesmutter Jeanine, wo ich mit drei Jahren zum ersten Mal erfahre, was ein Junge ist, als ich mich weigere, meinen Lieblingsrucksack zu teilen; der Fluss, in dem ich meine ersten Fische fange, mit meinem besten Freund Nicolas, der ebenso blond und blauäugig ist wie ich braunhaarig und schwarzäugig bin; die Blausteinbrüche, die grauen Staub aufwirbeln und Bohrkerne aus Granit zerteilen, und der alte Friedhof mit hundertjährigen Gräbern auf dem Hügel.

Sie nehmen mich überallhin mit, die Jugendlichen, ich bin ihr Maskottchen, ihr Kuscheltier.

Als Lamiel mit Tanzen fertig ist, setzt sie sich kichernd auf den Schoß des Jungen, auf den sie steht. Plötzlich zuckt sie erschrocken zusammen; ich bin im Raum, die Nase in meiner Chocomel und meinen Comics, tue, als hätte ich die Hände nicht bemerkt, die sich durch die Schlitze in ihrer Jeans schieben, und sie lacht, als fände sie das schön.

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Mowgli dronk Cécémel

Vertaling: Lola Bertels

Lamiel danst sensueel, door de scheuren onder de achterzakken van haar jeansbroek is de huid van haar billen zichtbaar.
Ik ben negen, ik drink liters koude Cécémel die ik uit die gigantische koelkast neem, waarin ik telkens bijna val. Ik maak een fles open. Op de verbruikerslijst zet ik een kruisje naast mama’s naam die de twee flessen zal moeten terugbetalen die ik elke dag naar binnen werk.

Ik ben de dochter van de lievelingsleerkracht en alle jongeren zorgen voor mij alsof ik deel uitmaak van hun groepje.

Mama zegt altijd: ‘Je moet van alles lezen’, en ik ben op een leeftijd waarop ik alles lees wat ik te zien krijg: de bijsluiter van Zymafluor, de ingrediënten van Chocapics, Chlorophyl tegen de zwarte ratten, Chlorophyl en de wraak van Anthraciet, Snoesje en Burokratz de vampier en de strips voor volwassenen die rondslingeren zonder dat iemand me ziet neuzen.
Op de pagina’s staan schaars geklede heldinnen met enorme borsten, die ze uiteindelijk altijd laten strelen door de slechterik van het verhaal en doen alsof ze het fijn vinden.

Kurt Cobain is al vier jaar dood, samen met Marilyn Manson schreeuwt hij het uit in de gemeenschappelijke zaal. Ik ben gewend aan loeiharde muziek en blonde jongeren die rond mij, mijn Cécémel en mijn strips dansen.

Ik trek een gezicht wanneer een meisje me, om haar geweten te sussen, wil laten luisteren naar de muziek van De Leeuwenkoning. Ik trek een gezicht wanneer ik naar het hoesje kijk van Mechanical Animals. Wat een vreemde vrouw, met die dreigende blik, dat oranje haar, zonder zichtbaar geslachtsdeel en met valse borsten.

Ik ben Mowgli van de Ardennen, ik wijd me aan alle mogelijke bezigheden; ik maak tekeningen met Paint, klim op de helling om langs de spoorweg te lopen, gooi en sorteer keien in de rivier, steel een stuk brood in de keuken, zit uren op de schommel, maak een Cécémel open.

Soms vraagt mama waar ik ben, zonder zich al te veel zorgen te maken; de jongeren letten op me. En ik let op de jongeren.

Ik ben de meest discrete Mowgli van de wereld en mijn pupillen zien een tong in een mond glijden, open monden die elkaar willen opeten, zonder bloed of pijn, hoofden die heen en weer wiegen met gesloten ogen alsof zo alles in hun mond wordt versterkt, zodat hun monden zich nog meer openen zodat hun tongen zich met elkaar verstrengelen, alsof de twee die tongen willen doen samensmelten, alleen maar met hun mond.

De meest discrete Mowgli wanneer ik twee aan elkaar geplakte lichamen betrap, het eerste op het tweede en het tweede op de stenen, hun tongen verstrengeld, zo innig omhelsd dat het oncomfortabel lijkt, met die stenen die in haar rug snijden en zomervliegjes die boven hun hoofden cirkelen en de handen van de ene onder het T-shirt van de andere, die handen die friemelen om, denk ik, de piepkleine borsten te strelen van een banale heldin met meer kleren om het lijf die doet alsof ze het fijn vindt.

De meest discrete Mowgli moet opzettelijk stenen doen knarsen onder haar voeten om die twee lichamen die tegen elkaar aan wrijven te verjagen, om naar de grote schommels te kunnen gaan die de enige mogelijke manier zijn om naar de wolken te vliegen.

Af en toe droppen de animatoren de jongeren, met de bestelwagen die ons geblinddoekt naar een onbekende plek brengt vanwaar we terug moeten keren met een kompas voor de nacht valt, ik ben hun kleine valsspeler die ze gidst op de terugweg.

Ik heb zo mijn herkenningspunten; het huis met de paddenstoelen, grote plastic vliegenzwammen voor een hemelsblauw huisje, recht uit een tekenfilm die speciaal voor mij is getekend; het verlaten huis, de koloniale gevel, half verkoold door een brand van lang geleden, verborgen achter de natuur die haar rechten opnieuw opeist; mijn kleuterschool, waar ik mijn kin heb geschaafd en een litteken heb opgelopen dat ik voor de rest van mijn leven zal hebben; het huis van Jeanine, mijn juf, waar ik voor het eerst, toen ik drie was, te maken had met een jongen, toen ik weigerde mijn lievelingsboekentas met hem te delen; de rivier waarin ik mijn eerste vissen heb gevangen met Nicolas, mijn beste vriend, zijn blond haar en blauwe ogen steken af tegen mijn bruin haar en zwarte ogen; de blauwsteengroeven waaruit grijs stof opwaait en waarin granietblokken verbrijzeld worden en de oude begraafplaats met zijn eeuwenoude graven die tegen de heuvel aanleunen.

De jongeren nemen me overal mee naartoe, ik ben hun mascotte, hun knuffeldier.

Wanneer Lamiel stopt met dansen, gaat ze giechelend op de schoot zitten van de jongen naar wie ze verlangt. Plots schrikt ze ongerust op; ik ben in de kamer, diep geconcentreerd op mijn Cécémel en mijn strips, ik doe alsof ik niet zie hoe zijn handen in de scheuren in haar jeansbroek glijden en zij lacht, doet alsof ze het fijn vindt.

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